Ephébophilie : pourquoi les relations ado-adultes sont toujours inacceptables ?

Avertissements de contenu : Ephébophilie, pédophilie, violences sexuelles.

Cet article est issu de ce thread : https://twitter.com/hparadoxa/status/1145437987477557248 posté en juin 2019. La première partie réagis à cet article de dcaius sur l’importance de différentier les violences sexuelles pédophile (sur enfant), des violences sexuelles éphébophiles (sur les ados / jeunes adultes, ou personnes perçues comme tel·les). Je vous encourage vivent à le lire d’abord !


Cet article m’a donnè l’envie (et le courage) de témoigner aussi sur le sujet.

J’ai été abusé sexuellement de 12 à 14 ans par des mais surtout un adulte.

Déjà préambule : c’est la première fois de ma vie que j’en parle. Même en privé. Donc 1 je répondrai pas à vos message de haine et 2 je vais essayer de répondre aux concerné·e·s mais je garanti rien.

Quelques retour sur l’article de dcaius

Déjà pour revenir un peu sur l’article, je pense effectivement que la différenciation entre la pédophilie et l’éphébophilie est très importante. Il ne s’agit pas de les hiérarchiser d’une quelconque façon, mais clairement mon abuseur me mettais en scène comme une personne majeure dans les jeux de rôle sexuels qu’il me demandait de faire. A peine majeure, mais majeure.

Parce qu’il ne s’intéressait pas a un corps d’enfant. Il s’intéressait à un corps d’adulte. Mais sans la défense. Sans l’expérience. Sans protection. Un corps de femme mais que tu peu modeler à ton fantasme parce qu’il ne dira rien.

Un paramètre majeur à mon sens dans les violences sexuelles éphébophiles, c’est celui des traumas vécu en amont des violences sexuel. La place qu’à pris mon abuseur dans ma vie émotionnelle, dans mon estime de moi, dans mon image de moi, il l’a prit parce qu’elle était libre.

Il y aurait dû avoir des gens pour me faire savoir que je pouvais être un être humain intéressant et valable sans être l’objet sexuel d’un mec qui a plus de double de mon âge (et d’un mec tout court d’ailleurs). Et y en avait pas. Au contraire. Au niveau interpersonnel comme sociétal, toutes les interaction et représentation que j’avais à ma disposition me faisait constater que je n’étais intéressante que sexualisée.

Ce qui nous mène au sujet principal de cet article :

Le consentement quand on est ado, c’est compliqué

Soyons clair : je n’ai jamais dis non, je n’ai jamais dis que ça me dérangeait. Et vous allez me dire “Ok bah du coup c’était pas trop sa faute il ne pouvait pas savoir”.

Sauf que non. Sauf que quand tu as trente ans, tu dois savoir qu’une gamine de douze n’est pas capable de consentir.

Et je sais que certains vont me dire “bah ça dépend il y en a des matures”. Je l’ai dis. Beaucoup. Et guess what ? Je n’étais pas mature.

J’ai toujours cru que j’étais consentante. Ça m’excitait. Je répondais. Je jouais le jeu. 10 ans plus tard je fais toujours des cauchemar de viol et du vaginisme.

Les adolescent·e·s ont une sexualité. C’est vrai. Et ils ont le droit de la vivre, je le crois aussi. Mais avec des gens qui en sont au même stade d’appréhension de la question.

Et autre chose : il y a plusieurs manière de vouloir une sexualité. Avoir des envie sexuelle parce que c’est comme ça c’est une chose. Et j’en avais parce que les hormones la puberté tout ça. Mais mais que.

J’en avais parce que (on revient a la question de tout à l’heure) je voyais qu’on s’intéressait à moi sexuellement. Que les adultes s’intéressait à moi sexuellement. C’était ma clé.

On s’intéressait pas à ma souffrance. Pas à mes peurs. Pas à mes problèmes. Mais au moins on s’intéressait à mon cul. J’ai donné mon cul pendant des années, jeune, parce que j’étais persuadé que ma vie était foutue, que j’étais une merde, que je tuais et blessais les gens que j’aimais, que personne ne pouvais m’aimer. Mais au moins si je donne mon cul alors j’intéresse un peu et je fais du bien à quelqu’un.

« Je vais mourir et jamais être heureux mais si je peux faire sourire un homme en lui montrant ma chatte et qu’il m’aime un peu c’est toujours ça de pris. » J’ai toujours pensé comme ça. Encore aujourd’hui difficile de faire autrement.

Coucher avec quelqu’un qui consent que par désespoir, c’est pas du sexe pleinement consenti. Et un ado prêt à coucher avec des vieux gars, il couche sûrement par désespoir. Et les vieux gars en général ils le savent.

En résumé

Un·e ado qui s’intéresse au cul : normal

Un·e ado prêt·e à s’intéresse au cul pour qu’on s’intéresse à ellui : à protéger.

Un·e ado qui s’intéresse au cul avec des adultes : probablement de la catégorie si dessus.

Et surtout dans tout les cas : Un·e ado qui s’intéresse à votre cul d’adulte : vous dîtes non. Même s’iel à l’air de savoir ce qu’il fait. Même si vous avez envie aussi. Même si c’est ellui qui fait le premier pas.

Et si pas de bol votre relation faisait parti de l’infime portion de celles qui auraient pu être saine (si tant est qu’il y en est une) : mieux vaut une peine de cœur qu’un trauma sexuel. Et non, vous saurez pas le devinez.

J’arrête de parler ça devient trop flou dans mon cerveau.

Take care et ne violez pas des gens.

(aussi parler sexualité avec vos enfants, plus c’est tabou moins t’as de repères, moins tu oses demander de l’aide et moins tu en parles donc moins y a de gens susceptible de te dire “euh what mais ça craint ça”)

4 Comments on “Ephébophilie : pourquoi les relations ado-adultes sont toujours inacceptables ?

  1. Merci, on dirait un truc que j’ai écrit moi-même. Je suis passé par ces mêmes émotions d’inutilité sauf quand on s’intéressait à moi pour mon corps. Et aujourd’hui à presque 40 ans je comprends à quel point il était clair pour mes abuseurs que j’étais à leur merci et que ce n’était pas du tout un truc sain. Ils ne pouvaient pas ignorer que je voulais juste qu’on m’aime et que j’étais prêt à tout pour ça. Ils ont abusé de mon isolement et de ma faiblesse mentale. C’est pas un truc que j’étais vraiment capable de comprendre à l’époque et encore moins de dépasser. Cela dit les doutes et la culpabilité, et la laideur humaine que ces gens m’ont fait bouffer, restent encore dans un coin de ma tête. Donc merci pour tes mots.

  2. Avant 15 ans il n’y a pas de majorité sexuelle, donc pas de consentement à donner ou refuser : les adultes ne doivent pas toucher, c’est la loi.
    Moi aussi j’ai vécu ça, ça a été très dur à faire entendre dans ma famille car c’était le mari de ma soeur. Il me cherchait dans mon lit, j’avais peur, j’étais terrifiée, j’ai même mis des punaises dans mon lit pour me protéger (bon je cache pas que ça n’a pas marché).
    En même temps à ce moment de ma vie c’était la seule personne qui me donnait de l’attention, et il me menaçait verbalement de tout dire à ma soeur qui ensuite ne me parlerait plus (c’est moi qui ait fini par parler deux ans plus tard et elle a bien coupé les ponts !)
    J’ai eu le droit à des phrases très logiques comme : “ça n’a pas eu lieu et de toute façon c’est de ta faute, t’avais qu’à pas chercher…” ??? Je suis coupable de quoi si “ça” n’a pas eu lieu ??? Faut choisir entre nier les faits et accuser la victime… non ? Ou “c’est de ta faute t’es trop jolie” : genre si t’es belle le viol est légal ? légitime ? Ca a beau être débile comme phrase, ça s’est inscrit en moi et j’ai 30 kg en trop aujourd’hui pour “cacher” ma beauté, car même habillée en mec je ne me sentais pas assez en sécurité, obèse je suis perçue comme “la bonne copine” : c’est plus sécure. Mais au fond j’ai encore un profond mal-être, je n’ai jamais réussi à correspondre aux attentes de genre. J’ai du mal à considérer que mon corps m’appartient, ou que j’existe, c’est comme si on m’avait coupé de mon corps, de mon droit légitime à l’habiter avec en plus l’approbation des gens autour. Je ne sais pas ce que je suis…

Répondre à Lucile gonn Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*