5 Idées Reçues sur l’Allocation Adulte Handicapé
Cet article est une retranscription de cette vidéo :
Introduction
Bonjour et bienvenue sur ma chaîne, c’est Alistair, et aujourd’hui on se retrouve à nouveau pour parler de l’AAH.
Pour celleux qui viendraient d’arriver, petit récap, l’AAH, qu’est-ce que c’est ? L’AAH, c’est l’Allocation Adulte Handicapé. C’est une allocation qui peut être versée aux personnes de plus de 20 ans, ou de plus de 18 ans dans certains cas, qui sont « trop handicapées » pour pouvoir travailler à mi-temps ou plus.
Si vous voulez plus de détails sur les conditions d’attribution de l’AAH et/ou sur les autres aides liées au handicap en France, j’ai fait toute une vidéo liée aux aides de la MDPH, qui est la structure chargée de s’occuper de tout ça. Sa version article est disponible en cliquant sur ce lien.
Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler de l’AAH plus spécifiquement parce que beaucoup de gens croient beaucoup de trucs très faux à son sujet, et que les institutions chargées de gérer tout ça mentent, aussi, ce qui empêche certaines personnes d’avoir accès correctement leurs droits, et ça ça me fait pas très plaisir.
Je vais pas répondre aux idées purement validistes du type : « Les gens font semblant d’être handicapés pour toucher l’AAH. », j’ai pas vraiment le temps pour ce genre de conneries aujourd’hui, mais si jamais ça vous intéresse j’ai aussi une vidéo qui parle du mythe du « faux handicapé ». Vous pouvez la visionner en cliquant sur ce lien.
Aujourd’hui plutôt le projet c’est de parler des idées reçues sur le calcul et le fonctionnement de l’AAH d’une manière générale, et donc c’est parti !
Idée reçue n°1 : on peut toucher l’AAH à taux plein ou à temps partiel.
Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que c’est faux ? Ça dépend de ce qu’on veut dire par là.
Est-ce que c’est vrai qu’il y a des gens qui touchent l’intégralité de l’AAH, à savoir un peu plus de 900€, et d’autres moins ? Oui c’est vrai.
Est-ce que le montant de l’AAH varie suivant notre taux d’invalidité, ou à quel point on est handicapé·e ? Non absolument pas.
Est-ce que la MDPH, qui est la structure qui décide si on a le droit ou pas à l’AAH, peut dire : « Vous avez le droit à 50% d’AAH. » ? Non plus.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le droit à l’AAH et le calcul de l’AAH, ce sont 2 choses complètement séparées, qui sont gérées par des administrations différentes.
D’un côté on a la MDPH, la Maison Départementale des Personnes Handicapées. La MDPH, c’est l’administration qui s’occupe de dire si oui ou non vous avez le droit à l’AAH. C’est tout ou rien, soit elle vous dit que vous avez droit à l’AAH, soit elle vous dit que vous n’y avez pas droit, mais elle ne peut pas accorder l’AAH de manière partielle.
Le seul paramètre que la MDPH peut faire varier en dehors de ce oui/non, c’est la durée d’attribution, donc est-ce que vous avez le droit à l’AAH pour 2 ans, 3 ans, 5 ans, 10 ans, à vie, etc. Et ça pour le coup, oui ça va dépendre de vos handicaps et de votre taux d’invalidité, mais ça ne change rien au montant de l’AAH.
Une fois que ça c’est fait, c’est la CAF, la Caisse d’Allocations Familiales, qui entre en jeu. Dans quelques rares cas ça peut être une autre structure, notamment la MSA, mais d’une manière générale ça va être la cas la CAF. La CAF donc c’est l’administration qui gère le calcul et le versement des allocations.
Si vous êtes célibataire et que vous n’avez pas de revenus, c’est facile, vous touchez l’intégralité de l’AAH, soit à peu près 900€. Si vous avez des revenus et/ou que vous êtes en couple avec une personne qui a des revenus, votre AAH peut diminuer proportionnellement à ces revenus-là, j’y reviendrai plus tard dans la vidéo.
Pour résumer du coup on à la MDPH qui décide si oui ou non vous avez le droit à l’AAH et pour combien de temps, et la CAF qui calcule tous les trimestres le montant auquel vous avez droit et qui vous le verse, mais ces 2 administrations ne peuvent pas faire le travail l’une de l’autre. La MDPH ne peut pas influencer le montant de votre AAH, et la CAF ne peut pas annuler votre droit à l’AAH.
Notez que les décisions de la MDPH, une fois qu’elles sont actées elles sont définitives. C’est à dire que si la MDPH vous dit vous avez le droit à 3 ans d’AAH, vous avez le droit à 3 ans d’AAH. Même si votre santé s’améliore, même si vous gagnez au loto, on ne peut pas vous dire : « Ah, votre situation a changé donc on vous retire votre droit à l’AAH. ». Elle peut refuser votre demande de renouvellement à la fin des 3 ans dire : « Non vous n’y avez plus droit à partir de maintenant. » mais elle ne peut pas revenir sur sa décision précédente.
Ce qui peut arriver par contre, c’est que vous gagnez trop d’argent pour pouvoir toucher l’AAH, mais ça ne veut pas dire que vous n’avez pas droit à l’AAH. Ça veut dire que vous avez le droit à 0€ d’AAH. Ça peut paraître absurde comme nuance, mais c’est en fait très important parce que ce que ça veut dire c’est que si vos revenus diminuent à nouveau dans le temps dans lequel vous avez le droit à l’AAH, le calcul se met à jour et du coup vous touchez à nouveau l’AAH sans avoir besoin de la redemander, puisque votre droit, lui, est toujours ouvert et valable.
Évidemment la pratique ça peut être un peu plus compliqué que ça parce que la CAF parfois va dire : « C’est suspect que vous ayez plus d’argent tout d’un coup, donc on va couper vos allocations le temps de vérifier que vous ne fraudez pas. » mais dans la théorie c’est quand même ça l’idée.
Note : La séparation de la MDPH et de la CAF, ça veut aussi dire que la MDPH ne prend pas ses décisions en fonction de vos revenus, car c’est le travail de la CAF de connaître vos ressources et d’adapter les aides en conséquence. Si par exemple vous travaillez moins d’un mi-temps, mais très bien payé, ou que vous êtes en couple avec une personne riche, ça ne change rien au fait que vous ayez droit à l’AAH, car vous remplissez toujours les conditions d’attributions. C’est seulement le montant de l’AAH, calculé par la CAF, qui peut être impacté par vos ressources, mais pas l’ouverture des droits par la MDPH.
Idée reçue n°2 : On ne peut pas toucher l’AAH et travailler.
Bah ça c’est faux, il n’y a absolument aucune loi qui indique ça, et même au contraire il y a comme je l’ai dit des lois qui expliquent comment calculer l’AAH quand on travaille, donc c’est bien que c’est possible. Par contre, il y a des limites à ça.
Comme je le disais, le montant de l’AAH est calculé par rapport à vos revenus, donc il est possible qu’il diminue si vous travaillez. Si vous n’avez pas d’enfants à charge et que vous êtes célibataire aux yeux de la CAF, votre AAH va diminuer dès que vous avez des revenus. Si vous êtes en couple et/ou que vous avez des enfants à charge, ça va vraiment dépendre de votre situation, mais il est possible que l’AAH ne baisse pas quand vous avez vos premiers revenus. Par exemple si vous êtes célibataire et avec un enfant à charge, l’AAH ne commence à baisser que si vous gagnez plus de 1000€ de salaire.
Et encore une fois comme je le disais, la MDPH ne peut pas revenir sur sa décision, donc si vous vous mettez à travailler à plein temps au milieu de votre droit à l’AAH, on ne peut pas vous dire : « Ah bah finalement vous voyez vous pouvez travailler, donc on vous retire vos droits à l’AAH. » Il est possible que vous ne touchiez plus rien si votre salaire est suffisamment élevé, mais vous y aurez toujours droit si vous perdez votre travail par exemple. Et encore une fois, il est par contre possible que votre droit à l’AAH ne soit pas renouvelé à la fin de votre période de droit.
Note 1 : Cela veut aussi dire que la MDPH ne prend pas ces décisions en fonction de vos revenus, car c’est le travail de la CAF de connaître vos ressources et d’adapter les aides en conséquence. Si par exemple vous travailler moins d’un mi-temps, mais très bien payé, ou que vous êtes en couple avec une personne riche, ça ne change rien au fait que vous ayez droit à l’AAH, car vous remplissez toujours les conditions d’attributions. C’est seulement le montant de l’AAH, calculé par la CAF, qui peut être impacté par vos ressources, mais pas l’ouverture des droits par la MDPH
Note 2 : Le parlement est actuellement en train de voter la déconjugalisaiton de l’AAH ce qui devrait donc aboutir d’ici peu à la non-prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l’AAH, mais ce n’est pas encore le cas au moment où je fait cette vidéo.
Idée reçue n°3 : Le montant de l’AAH est égal au montant maximum de l’AAH – votre salaire.
Beaucoup de gens pensent que si je touche par exemple 100€ de salaire, mon AAH va baisser de 100€. C’est EXTRÊMEMENT faux. C’est peut-être le truc le plus faux de toutes les idées reçues de cette vidéo.
Si je suis célibataire et sans enfant à charge et que je touche 100€, mon AAH va diminuer de 20€. Si je suis célibataire et que j’ai un enfant à charge et que je touche 100€, mon AAH ne va pas diminuer du tout. Donc c’est quand même assez différent d’une diminution de 100€.
Le calcul quand on a des enfants ou qu’on est en couple, il est compliqué, et je suis trop dyscalculique pour vous l’expliquer, donc je ne vais pas le faire. Mais je peux vous expliquer le calcul quand on est célibataire et sans enfant, et ça vous donnera quand même une idée du concept général. Je vais utiliser des chiffres arrondis pour faire plus simple donc ce sera à quelques euros près à chaque fois, et évidemment les plafonds évoluent d’années en années donc si vous regardez cette vidéo dans cinq ans, il est possible que les chiffres réels soient un petit peu différents, mais ça vous donne quand même une idée.
Si vous avez peur des chiffres, je comprends, pas de panique, je vais aussi faire des petits dessins et j’espère que ça vous aidera. C’est parti !
Note : Le parlement est actuellement en train de voter la déconjugalisation de l’AAH ce qui devrait donc aboutir d’ici 2023 à la non-prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l’AAH, mais ce n’est pas encore le cas au moment où je fait cette vidéo.
Le montant de l’AAH a été monté à 956,65€ depuis que j’ai écris cette vidéo. La méthode de calcul reste juste, mais les sommes peuvent avoir bouger de quelques dizaines d’euros.
Calcul général de l’AAH
Si vous touchez moins de 500€ de salaire, 20 % de votre salaire est déduit de votre AAH.
Par exemple si vous touchez 100€ votre AAH diminue de 20€.
Si vous touchez 200€ votre AAH diminue de 40€, etc.
Si vous touchez plus de 500€ de salaire votre AAH diminue toujours de 20% sur les 500 premiers euros, puis de 60% sur la suite.
Par exemple si vous touchez 600€ de salaire, votre AAH va diminuer de 100€ (20 % des 500 premiers euros) puis de 60€ (60 % des 100€ qui restent après qu’on ait enlevé les 500), donc au total, votre AAH va diminuer de 160€.
Pareil si vous touchez 1000€ de salaire, votre AAH va diminuer toujours de 100€ (20% des premiers 500€) puis de 300€ (60 % des 500€ suivant), donc au total, de 400€.
Du coup si vous êtes célibataire et sans enfant, votre AAH va tomber à 0 si vous gagnez plus de 1800€ de salaire, et non pas 900, c’est quand même le double.
Le cas particulier des micro-entrepreneureuses
Bon. Depuis tout à l’heure je dis « salaire » et par « revenus » parce que si comme moi vous êtes un·e travailleureuses indépendant·es c’est différent. Si ça ne nous concerne pas, vous pouvez skipper cette partie, ça va encore être beaucoup de chiffres un petit peu chiants, mais si ça vous concerne ou que ça risque de vous concerner dans le futur, je vous en supplie écoutez moi, c’est super important.
Je vais vous expliquer tout le calcul, mais si vous ne comprenez rien, pas de panique, à la fin je vous donne la formule qui calcule tout seul pour vous, mais je pense que c’est quand même important de vous expliquer pourquoi ça marche comme ça.
Si vous êtes micro-entrepreneureuses, vous ne DEVEZ PAS déclarer l’intégralité de vos revenus à la CAF. Vous devez faire vous-même ce qu’on appelle un abattement.
Tout ce que je vais dire là ça concerne uniquement le calcul de l’AAH, si vous déclarez vos revenus pour d’autres allocations, vous ne le faites pas, parce qu’évidemment ce serait trop simple si on ne faisait pas à faire des calculs chiants et spécifiques uniquement aux handicapés. 🙃
En gros ce qu’il se passe, c’est que si vous faites un chiffre d’affaires de 1000€, on va considérer que par rapport à un salarié vous ne touchez pas 1000€ puisqu’il y a une partie de cet argent que vous dépensez pour faire tourner votre entreprise. Du coup ce serait pas juste de calculer votre AAH sur ces 1000€-là. Vous allez donc devoir diminuer ce chiffre pour qu’il reflète mieux l’argent que vous gagnez pour de vrai.
Il y a 3 taux d’abattement différents suivant la nature de votre travail.
Si vous faites du service (C’est-à-dire que vous ne créez rien de matériel, par exemple moi quand j’ai des dons sur uTip ou la publicité sur YouTube, c’est du service.) dans ce cas-là vous devez déclarer 66 % de vos revenus. Donc si vous avez un chiffre d’affaires de 100€, vous allez en déclarer 66.
Si vous faites de l’achat-revente (C’est-à-dire que vous vendez des objets que vous avez acheté plus ou moins tel quel, par exemple moi quand je vends des pins sur mon uTip, oui j’ai fait un travail de design en amont, mais la majorité de l’argent que je touche avec ça c’est quand même pour payer les frais de port et les impressions des pins.) dans ce cas là où vous devez déclarer 29 % de vos revenus. C’est-à -dire que si je gagne 100€ en vendant des pins, je vais déclarer 29€ à la CAF.
Si vous faites de l’artisanat (C’est-à-dire que vous vendez quelque chose de matériel, mais que le gros de votre de travail c’est quand même plutôt la transformation de la matière première et que donc du coup vous avez plus de frais que sur du service mais moins que sur de l’achat-revente, c’est un peu un entre-deux. C’est une catégorie qui va notamment concerner tous les artistes plastiques, les gens qui fabriquent de trucs sur Etsy, les coiffeureuses, les plombier·es, ce genre de choses.) dans ce cas-là vous allez déclarer 50% de votre chiffre d’affaires. Donc si vous faites 100€ vous allez déclarer 50€ à la CAF.
Et après sur cet abattement-là se rajoute le calcul de l’AAH dont on a parlé plus tôt. Ça c’est plus votre travail, c’est la CAF qu’il le fait, mais pour donner en exemple :
Si vous faites 1000€ de chiffre d’affaires de service vous allez donc en déclarer 66% : 660€. À partir de là, même calcul qu’avant l’AAH va diminuer de 100€ (20 % des 500 premiers €), et de 96€ (60% des 160€ qu’il reste). Au total votre AAH va diminuer de 196€.
Alors que si vous n’aviez pas fait l’abattement vous-même, votre AAH aurait diminué plutôt de 400€, donc c’est très important.
Si vous avez une activité mixte, c’est à dire que comme moi par exemple vous faites des choses qui sont à la fois du service et de l’achat-revente, dans ce cas-là vous faites les calculs séparément sur vos chiffres d’affaires, et vous ajoutez le résultat.
Par exemple, si je touche 200€ de dons uTip, et 100€ de pins, je vais déclarer 66 % de mes 200€ de services (donc 132€) et 29 % de mes 100€ d’achat-revente (donc 29€). Au total, 29 + 132, mon AAH va diminuer de 161€.
Si jamais tout ça vous concerne et que vous ne le saviez pas, et que depuis le début vous n’avez pas fait l’abattement : pas de panique. Normalement vous pouvez envoyer une lettre à la CAF qui dit : « Bonjour. Je suis micro-entrepreneur. Je n’étais pas au courant qu’il y avait un abattement à faire moi-même sur mon chiffre d’affaires. Je me suis donc trompé dans mes déclarations. Voici les chiffres corrigés. » Et là vous faites la liste de tous les mois où vous avez mal déclaré avec le chiffre corrigé, même si ça s’étale sur des années il n’y a pas de souci, je l’ai déjà fait. Et normalement la CAF doit refaire le calcul et vous verser ce qu’il vous manque.
En bref, si vous ne devait retenir qu’une seule chose de tout ça c’est que le calcul c’est :
[Vos revenus de services] x 0.66 + [Vos revenus d’artisanat] x 0.5 + [Vos revenus d’achat-revente) x 0,29 = le montant que vous devez déclarer à la CAF si vous êtes micro-entrepreneur.
Voilà. Prenez un screenshot.
Note : Quand je parle des trois types d’abattement, j’ai nommé les catégorie achat-revente/artisanat/services, mais ce n’est pas forcément les termes utilisés dans les questionnaires, par exemple la CAF appelle des fois ce que moi j’ai appelé artisanat « services » et ce que j’ai appelé service « profession libérale ». Dans les déclaration à l’URSSAF ça va être ventes de marchandises/prestations de services commerciales ou artisanales/autres prestations de services. Bref, tout ça pour dire : les termes que j’ai choisis sont pas forcément ceux de l’administration ou de la loi, mais juste une manière de nommer les choses qui permet qu’on comprenne de quoi je parle.
Lorsque l’on rempli la déclaration trimestrielle sur le site de la CAF, il y a un « ? » à côté de la ligne auto-entreprise, et si on clique dessus, cela indique qu’il faut faire les abattements soit même (pour les déclarations papier il me semble que c’est écrit au verso). Si jamais il n’y a plus d’indications ou que l’indication dit de déclarer avant abattements, ça peut être que le système à changer depuis la vidéo, ou si c’est pour une autre allocations que l’AAH, que dans le cas de celle-ci, l’abattement est fait par la CAF. Les pourcentage d’abattement donnés ne sont pas les pourcentage que je dit dans la vidéo, c’est normal ! Un abattement de 71%, veut dire qu’on ne décalre pas 71% du CA, et donc qu’on déclare les 29% qu’il reste. Du coup la CAF dit « faite un abattement de 71% » et je dis « déclarez 29% », ce n’est pas le même chiffre, mais ça veut dire la même chose.
Idée reçue n°4 : On ne peut pas toucher l’AAH et le RSA en même temps.
Celle-là je l’ai entendue énormément, même de la part de personnes qui sont plutôt bien renseignées par ailleurs, au point que j’y ai moi-même cru… mais non. Il n’y a rien qui indique qu’on ne peut pas toucher l’AAH et le RSA en même temps, c’est pas vrai.
Ce qui est vrai par contre, c’est que l’AAH est prise en compte dans le calcul du RSA, donc la majorité des gens qui touchent l’AAH sont trop « riches » pour toucher le RSA, mais pas tous. Notamment les personnes qui sont des jeunes parents isolés peuvent toucher des fois le RSA en plus de l’AAH, donc ça vaut le coup de vérifier.
Dans la même veine, je vous signale que l’AAH est compatible avec la prime d’activité. Je ne peux pas vous donner le détail parce que je ne comprends RIEN au calcul de la prime d’activité, mais je peux vous dire que personnellement la prime d’activité compense en gros la diminution de l’AAH. C’est à dire que que je travaille ou que je ne travaille pas, je touche autant d’allocations, parce que quand mon AAH diminue de 200€, je touche plus ou moins 200€ de prime d’activité, donc ça s’équilibre.
Ça ne vous concerne du coup que si vous avez des revenus, mais c’est vraiment significatif donc pensez-y.
Notez, c’est important, que la prime d’activité n’est pas rétroactive. Ça veut dire que si vous y aviez le droit depuis un an, mais que vous n’avez pas pensé à la demander, on ne va pas vous donner tout l’argent que vous auriez touché sur cette année-là, c’est foutu. Du coup ça vaut le coup de vérifier assez tôt, assez vite, et potentiellement souvent si votre situation évolue, si vous y avez droit, parce que vous ne pourrez pas rattraper le retard plus tard.
De la même manière, on peut toucher l’AAH et une pension d’invalidité en même temps, c’est juste que le montant de la pension d’invalidité va jouer dans le calcul, mais c’est possible.
Plus globalement, je peux évidemment pas vous dire : « 100 % des allocations sont compatibles avec l’AAH » parce que je les connais pas toutes et je crois que ce n’est pas le cas notamment de quelques trucs sur la retraite, les allocations vieillesses, tout ça… Mais d’une manière générale, la quasi-totalité des allocations, des pensions, etc. sont compatibles avec l’AAH. Donc si on commence à vous dire que ce n’est pas le cas, vérifiez bien, c’est peut-être faux.
Idée reçue n°5 : On ne peut pas toucher l’AAH sans diagnostic.
Vrai ou faux ? Ça dépend un peu de ce qu’on appelle un diagnostic.
Ça peut paraître surprenant comme phrase, parce que pas mal de gens ont l’air de penser qu’un diagnostic c’est un truc plutôt bien défini, et pas vraiment en fait. Personnellement déjà, dans tous les textes légaux que j’ai lus en étudiant la MDPH, je n’ai JAMAIS trouvé le mot diagnostic. Donc je peux me tromper, mais je ne pense pas que le mot diagnostic ait un quelconque sens au niveau légal.
Ce qui existe, plus que les diagnostics officiels, ce sont les certificats médicaux. C’est-à -dire qu’un médecin peut écrire sur un papier : « Moi Monsieur Médecin, je certifie que Monsieur Patient a telle maladie ou tels symptômes. » mais ça ce n’est pas automatique.
Personnellement par exemple, j’ai l’endométriose, jamais un médecin m’a fait une lettre pour dire : « Oui Alistair a l’endométriose. » J’ai juste un compte rendu d’IRM avec marqué dans un coin : « Ah ici il y a des lésions d’endométriose. » et franchement c’est déjà pas mal.
Il y a plein de personnes, notamment en psychiatrie, qui sont diagnostiquées techniquement par des médecins, sans jamais avoir de papier. Un médecin qui vous dit : « Ah oui vous avez l’air d’être en dépression. » il vous fait pas nécessairement une lettre pour dire : « Je soussigné Médecin que Monsieur Bidule est en dépression. » Dans les hôpitaux psychiatriques c’est encore pire, j’ai rencontré des gens à qui on avait posé un diagnostic et qui ne l’ont appris que dix ans plus tard en arrivant à récupérer leur dossier médical où il y avait marqué qu’ils étaient schizophrènes ou autistes dedans.
Tout ça pour dire que le fait d’être diagnostiqué officiellement c’est une notion bien plus poreuse et bien moins linéaire que ce que les gens pensent souvent.
Pour revenir à la question qui nous intéresse, donc, est-ce qu’il y a besoin d’un diagnostic officiel pour demander l’AAH, ou plus généralement pour faire un dossier MDPH ?
Au niveau médical il n’y a un seul document qui est obligatoire : c’est le certificat médical de la MDPH. Je mettrai le lien dans la description, c’est un document qui fait huit pages et qui doit être rempli par un médecin.
Au début on va vous demander la « pathologie motivant la demande » et la « description des signes cliniques » c’est à dire en gros : C’est quoi votre handicap, c’est quoi vos symptômes. Là, si vous avez un nom de diagnostic, le médecin va le mettre, mais si vous n’en avez pas ça reste une option de juste décrire la situation. Par exemple, si vous avez des douleurs chroniques et que vous ne savez pas exactement pourquoi, le médecin peut mettre « douleurs chroniques » dans « pathologie motivant la demande ».
Après ça, la majorité du document c’est un QCM pour savoir si vous pouvez ou non, seul ou non, faire tout un tas de tâches du quotidien. Ça ça n’a rien à voir avec le diagnostic, dans le sens de nommer le handicap, parce que quelle que soit la raison de votre handicap et si vous la connaissez ou non, ça ne change rien en fait que vous puissiez dire si oui ou pas vous pouvez éplucher des légumes tout seul. C’est juste une observation de vos capacités et de votre vie courante, il n’y a pas besoin d’avoir nommé et catégorisé votre handicap pour faire ça.
Donc est-ce qu’il faut un diagnostic officiel ?
Si on utilise le terme « diagnostic » pour dire « nommer et catégoriser un handicap ou une maladie » : non. On peut faire une demande avec juste une description des symptômes et des difficultés. Si on a un nom on peut le mettre, c’est mieux, ça fait toujours bien sur un dossier, mais ce n’est pas obligatoire.
Et si c’est le cas, vous pouvez aussi expliquer dans votre dossier que vous êtes dans des démarches de soins qui ont vocation à aboutir à un diagnostic à un moment donné, mais que c’est compliqué, ça prend du temps, et que vous avez quand même besoin d’être en attendant.
Si on utilise le mot « diagnostic » dans le sens de « certificat médical » : oui il faut un diagnostic. Il faut joindre le certificat médical à la demande de la MDPH, donc il faut qu’à un moment donné, un médecin ait rempli et signé un document qui atteste que vous avez des difficultés ou des besoins spécifiques. Mais le certificat médical de la MDPH fait ça, et est suffisant pour faire ça. Vous n’êtes pas obligé·es d’avoir des lettres ou des comptes rendus ou des examens qui prouve vos diagnostics et vos difficultés. Le certificat médical de la MDPH est un certificat médical, il compte.
Évidemment encore une fois si vous avez des documents complémentaires c’est bien de les mettre, ça augmente chance d’avoir les aides dont vous avez besoin, mais ce n’est pas obligatoire.
Outro
Voilà à peu près ce que j’avais à dire pour aujourd’hui.
J’ai d’autres idées reçues sur l’AAH j’aurais envie de traiter, mais je sais pas si vous avez remarqué, récemment j’ai un peu du mal à poster des vidéos pour des raisons de… handicap, ça arrive ; et du coup je me suis dit qu’il valait mieux faire une vidéo un peu plus courte avec cinq idées reçues, que j’arrive à la faire, que je la poste, plutôt que d’essayer de faire un truc exhaustif avec vingt idées reçues, qui dure trois milliards d’années, et que je n’arrive jamais à finir, donc voilà.
Avec un peu de chance je ferai un autre épisode un autre moment.
S’il y a des choses dont vous avez envie que je traite, n’hésitez pas à me dire dans les commentaires.
Si cette vidéo vous a aidé, n’hésitez pas à lui mettre un pouce bleu, à vous abonner, à partager, tout ce que vous voulez.
Comme d’habitude, si vous avez des questions n’hésitez pas à me dire dans les commentaires, j’essaierai de vous répondre.
Et avant de partir je vous rappelle l’existence de uTip, qui est la plateforme sur laquelle vous pouvez soutenir mon travail et cette chaîne, soit avec un don, soit en visitant ma boutique.
Merci beaucoup à toutes les personnes qui me permettent de continuer à faire ce travail, c’est très précieux.
Sur ce, je vous souhaite une bonne fin de journée et à très bientôt !
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Ma vidéo sur les aides de la MDPH : https://www.youtube.com/watch?v=UWZ6sXDnNFo
La même vidéo sous forme d’article : https://alistairh.fr/index.php/mdph-aides/
Le certificat médical à joindre à une demande à la MDPH : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R19996
La page du service public sur le calcul de l’AAH : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F21615
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