7 conseils pour construire ses routines !

Cet article est une retranscription de cette vidéo :


Bonjour et bienvenue sur la chaîne, c’est H Paradoxæ et aujourd’hui on se retrouve pour parler à nouveau de routines ! Si vous ne me connaissez, pas bienvenue, je m’appelle Alistair, je suis autiste, et en début de cette année j’ai sorti un épisode de ma série « Mieux comprendre l’autisme » où je parlais des routines, et plus précisément ce que c’était, et à quoi ça pouvait servir pour les personnes autistes.

Plus généralement ces derniers mois j’ai sorti plusieurs vidéos qui parlent des difficultés qu’on peut avoir à adapter notre quotidien à nos handicaps, et des stratégies qu’on peut mettre en place face à ça. Aujourd’hui je voulais clore ce cycle en revenant sur la question des routines, mais par un angle d’approche un peu plus concret, et parler de comment on peut construire ou consolider ses routines au quotidien.

Comme d’habitude je vais parler de mon point de vue et à partir de mon expérience de personne autiste, mais ça ne veut pas forcément dire que toutes les personnes autistes fonctionnent exactement comme moi, même si on va évidemment avoir des besoins en commun, et ça ne veut pas non plus dire que mes conseils ne s’appliquent qu’aux personnes autistes, toute personne qui a des besoins ou des enjeux semblables à ceux que je vais aborder aujourd’hui est susceptible d’y trouver son compte aussi.

Maintenant qu’on a dit tout ça, c’est parti !

1 – Y aller petit à petit

Mon conseil numéro 1 c’est de faire les choses petit à petit.

J’en avais parlé un petit peu dans ma vidéo sur comment se remettre d’un burnout, mais je pense pas qu’on puisse se lever un matin et se dire : « A partir d’aujourd’hui tous les jours je vais me lever à 7h du matin, me laver, manger trois repas, passer le balai et apprendre une nouvelle langue ! ».J’appe lle ça « l’effet bonnes résolutions », je ne pense pas que ça puisse marcher pour la majorité des gens de décider de révolutionner sa vie du jour au lendemain, surtout si on a déjà du mal pour les tâches du quotidien.

C’est pour ça que dans cette vidéo j’avais parlé d’apprendre à identifier et à hiérarchiser ses besoins. On peut pas construire d’un coup des routines très fortes et très exhaustives pour tous nos besoins, c’est pour ça que mon conseil c’est plutôt de se fixer un petit objectif, et quand on commence à l’atteindre, que ça commence à être installé, d’en rajouter un deuxième, etc.

Par exemple à l’heure actuelle j’ai une routine matinale qui est très longue et très complète : j’ai des médicaments à prendre, je prends ma douche, je me lave le visage, je mets de la crème hydratante, je range ma chambre, je range ma cuisine, je fais à manger… bref plein de choses ! Mais j’ai absolument pas construit tout ça d’un coup, il y a quelques années la seule chose que je faisais le matin c’était d’aller sous ma douche. Je me lavais même pas à chaque fois, j’avais pas forcément un rythme shampooing réguliers, juste à minima je me mouillais, et encore.

J’ai essayé de consolider ça et de me doucher tous les jours, et puis à un moment donné j’ai eu des traitements à prendre le matin, du coup j’ai commencé à prendre l’habitude de prendre mes médicaments avant de me lever pour prendre ma douche, puis à un moment j’ai réalisé que le fait que ma chambre soit un peu encombrée et en bordel c’était quelque chose qui me pesait au quotidien, et je me sentais prêt à m’investir là-dedans à avoir le temps et l’énergie de faire du rangement régulièrement, du coup j’ai commencé à prendre l’habitude de ranger ma chambre en sortant de la douche. Et c’est comme ça que petit à petit j’ai ajouté des éléments à ma routine matinale, un par un, une fois que ma routine était installée et qu’elle était confortable.

Le fait d’y aller par petites étapes pour moi aide beaucoup parce que déjà ça aide à ce que ça n’ait pas l’air insurmontable, et en plus ça aide à avoir l’impression de réussir. Dans le sens où si on se fixe un gros objectif, c’est probable qu’on n’arrive pas à tout faire et qu’on se sente déçu·e ou découragé·e, alors que si on se dit « juste » entre guillemets : « A partir de maintenant je vais essayer de manger au moins une fois par jour. » c’est plus réaliste, c’est plus atteignable, et probablement qu’à un moment on va y arriver, et on va pouvoir se dire : « Ah j’ai atteint mon objectif, je suis capable de faire ça. » et c’est encourageant pour commencer à aller plus loin.

Comme j’en parlais dans ma vidéo sur la kinésiophobie le fait de faire par étapes permettent d’éviter les moments d’échec qui vont nous braquer et nous faire reculer, et au contraire nous amener petit à petit étendre de notre zone de confort.

Le fait de faire les choses petit à petit avec des petits objectifs contribue aussi à l’application de mon deuxième conseil qui est :

2 – Créer des cycles

Ce que j’entends par « créer des cycles », c’est plutôt que d’avoir plein de choses à faire qui sont indépendantes les unes des autres, essayez de les lier ensemble pour qu’une action entraîne la suivante. Je sais pas trop si c’est clair mais je vais vous donner des exemples et ça devrait aller mieux.

Exemple 1

A chaque fois que je sors de ma douche, je me lave le visage à mon lavabo et je mets de la crème hydratante.

Et pour moi c’est plus simple d’avoir comme routine : « Je me lave, puis je lave mon visage, puis je mets de la crème hydratante. » que d’avoir comme routine : « Chaque jour à un moment donné il faut que je me lave, que je lave mon visage, et que je mette de la crème hydratante. » et de faire de ces trois actions trois actions séparées, et pas une suite d’actions qui vont toujours ensemble.

Le fait de créer les actions comme une suite logique permet de faire rentrer les habitudes plus facilement, et quand on rajoute une nouvelle habitude on peut « l’accrocher » entre guillemets sur une action qu’on a déjà l’habitude de faire, et du coup l’insérer plus facilement dans notre routine.

Exemple 2

Le matin j’ai deux types de traitements, d’abord je dois prendre des comprimés, et après je dois aller dans ma cuisine pour prendre un traitement qui est dans mon frigo, le poser dans ma bouche pendant deux minutes et le recracher.

Team allergiques, nous nous sachons.

Et un de mes objectifs récemment ça a été d’aérer ma chambre parce que je pense jamais à le faire et que c’est bien, surtout quand on a des problèmes d’allergies justement.

Le problème de l’action « aérer ma chambre » c’est qu’il y a un début « J’ouvre la fenêtre. » puis un trou où je fais rien, et une fin où je ferme la fenêtre. Et du coup ça fait pas un cycle continu, c’est deux actions avec un trou au milieu.

Pour ça la solution que j’ai trouvée, c’est d’aérer ma chambre en même temps que je prends mes médicaments. J’ouvre la fenêtre, je prends mes comprimés, je vais prendre mon traitement, je chronomètre les deux minutes, je range toutes mes affaires, je reviens dans ma chambre, et je ferme ma fenêtre.

Comme ça le flot d’action est continu, je suis toujours en train de faire quelque chose et chaque action en entraîne une autre au moment où elle se finit. C’est souvent plus facile, surtout quand on a des problèmes de dysfonction exécutive, de se dire « Je fais ça, puis ça, puis ça. » que de se dire « Je fais ça, puis rien ou rien de fixé, et après je dois me remettre dans mon action pour la finir. »

Exemple 3

Je me lave les cheveux tous les trois jours, c’est le rythme qui me va bien.

Mais si je fais juste ça tous les trois jours, encore une fois le cycle d’actions, d’un jour sur l’autre cette fois, n’est pas continu. Je fais un shampoing, puis le lendemain au même moment rien, puis le lendemain au même moment rien, puis le lendemain même moment là je refais quelque chose. Et ça peut être difficile parce que du coup mes routines varient d’un jour à l’autre, et en plus il faut que je me souvienne combien ça fait de temps que je me suis lavé les cheveux, etc. Pour moi il y a quelque chose qui n’est pas fluide et qui demande un effort à faire pour remettre en route à chaque fois.

Du coup la solution que j’ai trouvée pour ça c’est plutôt que dans ma routine avoir un moment shampoing, j’ai un moment « action hygiène du jour ». C’est à dire que tous les jours dans ma routine je me lave, je fais une action d’hygiène, et je lave mon visage. L’action du jour change chaque jour, mais le cycle lui est ininterrompu.

Le premier jour je vais me laver, actions du jour : shampoing, laver mon visage.
Le deuxième jour je vais me laver, actions du jour : exfoliation, me laver le visage.
Le troisième jour je vais me laver, actions du jour : soin de la peau, laver mon visage.
Et le quatrième jour du coup je reviens au début, et l’action du jour est un shampoing.

Comme ça au lieu d’avoir de temps en temps un shampoing, de temps en temps rien, j’ai toujours quelque chose qui varie mais selon un cycle qui est régulier et continu, et je peux facilement me dire « Hier j’ai fait un shampoing, donc aujourd’hui c’est le jour de l’exfoliation. » etc.

Je ne fais pas toutes ces actions tous les jours, mais elles se suivent d’un jour sur l’autre d’une manière régulière, et du coup ça crée un cycle ininterrompu.

Toujours dans cet objectif contre la dysfonction l’exécutive d’avoir des cycles, personnellement j’aime bien charger mes routine le matin et le soir, comme ça le matin la première action de ma routine est déclenchée par le fait de me lever tout simplement, et le soir j’ai une heure fixe à laquelle je vais me coucher et c’est le début de ma routine du soir.

Ça peut pas forcément être réalisable pour tout le monde suivant votre mode de vie et vos obligations, mais le fait d’avoir un « déclencheur » entre guillemets du début d’une routine, que ce soit le lever ou une heure fixe par exemple, ça peut aider à mettre en route la routine, et c’est pour ça que les alertes sur les téléphones à heures fixes peuvent aider.

C’est généralement plus simple que de se dire « Il faut faire cette routine, mais à un moment donné de la journée, on sait pas trop quand. »

3 – Choisir le bon moment et le bon ordre

Mon conseil numéro trois c’est sûrement le plus abstrait et je m’en excuse, mais c’est d’essayer de penser à la logistique et de réfléchir à quelles routines vous faites quand par rapport à vos besoins et à votre fonctionnement.

Tout ça va beaucoup dépendre de vos besoins de votre fonctionnement, de comment votre vie est organisée par ailleurs, mais par exemple moi je sais que j’aime bien charger ma routine du matin, comme ça si j’ai pas l’énergie, ou pas le temps, ou pas l’envie tout simplement, de faire autre chose, les choses qui sont « importantes » entre guillemets sont faites parce qu’elles font partie de la routine. Même si je ne fais rien d’autre que ma routine, je me suis lavé, j’ai mangé, et mon appartement est vivable. Alors que si ma douche ou mon rangement par exemple était dans ma routine du soir, il y a sûrement beaucoup de fois où je n’aurais pas l’énergie de le faire et où j’abandonnerais.

En chargeant ma routine du matin, je libère ma journée et ma soirée de l’inquiétude de garder du temps et de l’énergie pour faire des tâches qui sont importantes à faire tous les jours, parce que j’ai déjà tout fait. Et par exemple le fait de ranger tous les matins fait que le soir je n’ai aucun scrupule à laisser traîner mon linge sale et ma vaisselle parce que je sais qu’en me levant le lendemain je vais le ranger, et que ça ne va pas de traîner pendant des semaines. Du coup ça me permet vraiment d’être tranquille en journée et en soirée de commencer par tout ça.

Cette solution précise ne sera évidemment pas la bonne pour tout le monde, mais ça peut être utile de réfléchir à quel moment vous avez l’impression que vous avez le plus d’énergie ou le plus de temps, que vous êtes le plus fonctionnel·les, et d’essayer de voir si vous pouvez mettre vos routines les plus importantes à ce moment-là pour vous aider à les faire plus facilement et plus régulièrement.

Pour certaines personnes comme moi ça va être le matin (enfin je me lève à 11 heures donc le matin tout est relatif) mais pour d’autres personnes qui par exemple ont beaucoup de problèmes de sommeil et se réveillent très fatiguées le matin, ont du mal à se mettre en route, ça peut être dans l’après-midi, ou même en soirée si c’est le moment vous êtes le plus efficace.

De la même manière, je sais que moi ma douche ça m’aide à me remettre en route, à me libérer de mon sommeil, à détendre les muscles… donc c’est bien de faire ça en début de journée, mais pour d’autres personnes la douche ça va être quelque chose de très fatigant et d’épuisant, et du coup faire ça dès qu’on se lève c’est pas forcément rentable pour avoir une journée efficace. Tout dépend des gens.

4 – Essayer d’avoir les objets des routines sous les yeux.

Celle-là elle est surtout utile pour les personnes qui ont des troubles de l’attention ou des difficultés avec la permanence de l’objet, c’est à dire des difficultés avec le fait de se souvenir qu’un objet existe quand on l’a pas sous les yeux justement.

Par exemple comme je l’ai dit après ma douche je lave mon visage, et pour ça j’utilise une brosse électrique. Cette brosse là je la laisse toujours au bord de mon lavabo, parce que comme ça quand je sors de ma douche je la vois et je me dis : « Ah oui c’est ça l’étape d’après. » et à côté de ma brosse j’ai mon déodorant, du coup quand je me lave le visage me dit : « Ah oui il faut que je mette du déodorant aussi ! ».

De la même manière par exemple le fait d’aérer ma chambre avant ma douche ça m’aide parce que ma chambre est en face de ma douche, donc à chaque fois que je vais me laver je passe devant je me dis : « Ah oui c’est vrai il faut que je ferme la fenêtre. »

C’est aussi utile pour les routines qui ne sont pas quotidienne et pour lesquelles vous n’avez pas forcément réussi à faire un cycle comme j’ai expliqué plus haut.

Par exemple personnellement comme je suis végan je dois prendre un complément en B12, le mien se prend une fois par semaine et je le fais le dimanche. Mais si je range ma B12 dans un tiroir, c’est à peu près sûr que je vais pas y penser, alors du coup elle est toujours avec le reste sur mon bord de lavabos, et du coup tous les jours quand je fais ma routine du matin je la vois je me dis : « Est-ce que c’est aujourd’hui que doit prendre ma B12 ? » et si la réponse est : « Oui, on est dimanche. » et ben j’y pense et je le fais.

A une époque j’en avais une qui se prenaient tous les jours, et du coup je l’avais mise dans mes WC comme ça je passais plusieurs fois devant tous les jours et j’étais sûr de finir par y penser.

Pour les personnes qui ont ce genre de difficultés, ça peut aussi aider de fonctionner avec ce flot là pour ranger.

Moi par exemple je range ma chambre et ma cuisine le matin, mais souvent je fais les deux en même temps parce qu’en rangeant ma chambre je tombe sur une assiette qui traîne par exemple, donc je l’amène dans ma cuisine, et une fois dans ma cuisine je vois un truc qui traine sur la table et je me dis : « Ah il faut que je range ça ! » et au fur et à mesure que je range ma cuisine, je tombe sur un truc qui doit se ranger dans ma chambre, donc je le ramène, et une fois dans ma chambre je vois d’autres choses, etc.

Plutôt que d’essayer de fixer mon attention sur un endroit précis à ranger par exemple, je préfère laisser mes distractions me guider vers d’autres endroits à ranger et suivre le mouvement naturel de mon attention en fait en quelque sorte. J’en reparlerai plus tard mais je ne range pas toute ma chambre ou toute ma cuisine tous les jours justement, je suis un peu comment ça va et puis ce qui me tombe sous la main je le range, et c’est toujours ça de pris.

5 – Avoir des objets qui forcent à les ranger.

Ce conseil-là ne va pas forcément être un bon conseil pour tout le monde. Si vous êtes au début de la création de routines, ou si d’une manière générale vous avez de grosses difficultés à faire les choses, ce n’est pas forcément un bon conseil.

Mais si comme moi vous êtes à un stade où un certain nombre de choses sont installées et où vous avez surtout besoin d’un petit coup de pouce supplémentaire, ça peut être bien. Je m’explique.

Mon panier de linge sale est assez petit, et il rentre en hauteur pile poil sous mon lit, donc c’est parfait il ne prend pas de place, il ne m’encombre pas visuellement, je le vois pas : tip-top. Par contre dès que j’ai environ une semaine de linge sale, il déborde et je ne peux pas le ranger sous mon lit parce qu’il est trop haut du coup. Du coup si je veux pouvoir le ranger correctement, je suis obligé de faire une lessive.

De la même manière, ma poubelle de recyclage a un couvercle, et du coup par rapport à un sac ou à une caisse sans couvercle je peux pas indéfiniment laisser s’entasser les cartons de pâtes dans une pile immense, parce que ça rentre juste pas en fait.

Ça peut aider si comme moi vous êtes à peu près en route mais que vous avez quand même des problèmes de dysfonction exécutive ou de procrastination, ça peut donner un petit coup de pouce de : « Bon ben là va quand même falloir le faire. » et aussi aider à penser à faire les choses qui, encore une fois, ne sont pas dans des cycles, comme pour la lessive par exemple. Pour moi c’est difficile de me dire : « Là ça fait longtemps que j’ai pas fait une lessive, il faut le faire. » mais le fait d’avoir un petit panier me fait bien voir qu’il est plein et que du coup ça doit être le moment.

Mais je dis que c’est pas forcément adapté à tout le monde parce que si vos difficultés actuellement sont assez grandes pour que ça ne suffise pas à vous donner le coup de pouce pour le faire, vous allez juste vous retrouver avec des paniers de linge sale inrangeables et des poubelles qui débordent, et ça va pas vous aider particulièrement.

6 – Avoir de la flexibilité.

Depuis tout à l’heure, je décris mes routines comme quelque chose de très strictes et de très rigide, parce que c’est ce dont j’ai besoin, comme pas mal de personnes autistes, mais je suis aussi malade chronique et je n’ai pas forcément l’énergie ou les capacités physiques et cognitives d’en faire autant tous les jours, du coup pour moi c’est important d’avoir une marche d’adaptation au sein de cette rigidité.

Pour moi c’est tout particulièrement le cas du rangement. Je range tous les jours ma chambre et ma cuisine mais je n’en fais pas autant, certains jours ranger ma chambre ça veut juste dire mettre un slip au sale, certains jours ranger la cuisine c’est juste mettre une petite cuillère dans le lave-vaisselle, et d’autres je vais ranger mon bureau, sortir les poubelles, laver la table, passer l’aspirateur… ce qui a besoin d’être fait quoi. Tout dépend de comment je me sens, de ce que je me sens de faire, de ce que j’ai envie de faire, de ce qu’il dit a besoin de faire aussi, ce jour-là.

Du coup mon cadre de routine est rigide et régulier : je range tous les jours, mais ce qui va constituer précisément l’action en question, en l’occurrence ici ranger, ne va pas toujours être la même chose, la même quantité, suivant mes besoins et mes capacités du jour.

Et évidemment il va toujours y avoir des jours où on ne peut pas faire une routine pour X raison : parce qu’on n’est pas chez soi, parce qu’il y a un événement, parce qu’on est malade ou que sais-je. Et c’est pas grave, c’est pas dramatique, ça arrive. Mais comme pour moi cette rigidité un peu et ce cadre il est un bon support et un bon soutien au quotidien, j’essaye de prioriser au maximum le fait de m’adapter à l’intérieur plutôt que de ne pas le faire du tout quand ça me paraît difficile.

7 – Privilégier l’accessibilité sur la norme.

L’objectif des routines idéalement ça doit être de vous permettre de fonctionner au mieux, pas de rentrer dans la norme ou de faire ce qu’on considère qui est « une bonne hygiène de vie » ou « un bon entretien de son foyer ». Des fois ce sera la même chose, mais des fois non.

Toutes les personnes handicapées ne vont pas forcément fonctionner au mieux en se lavant tous les jours, parce que c’est une activité qui peut être fatigante qui peut prendre du temps, de l’énergie ou créer de la douleur par exemple. Et c’est tout à fait ok !

Une bonne routine dans ce cas-là ça va pas forcément être une routine qui vous permet de vous doucher tous les jours, mais plutôt une routine qui vous permet de vous doucher suffisamment en fonction de vos besoins tout en restant respectueuse de vos limites.

J’en parlais dans ma vidéo sur la kinésiophobie mais cet enjeu de trouver le point d’équilibre entre faire les actions dont on a besoin et envie, et ne pas trop griller nos limites, c’est toujours une question dans l’organisation au quotidien de la vie des personnes handicapées, et c’est valable pour les routines !

Personnellement par exemple quelque chose qui m’aide beaucoup, c’est de me laver sans savon. Ça fait deux ans que je me lave uniquement avec de l’eau, hors exceptions sanitaire où il y a besoin d’avoir du savon évidemment, et ça m’aide beaucoup parce que du coup ça fait moins d’étapes à l’intérieur de la douche, il y a pas besoin d’éteindre l’eau, de mettre le salon, de remettre l’eau, etc.

Et à côté de ça pour plusieurs raisons pour moi c’est assez difficile d’être nu et mouillé sans être sous l’eau chaude, et du coup entre les étapes supplémentaires, la douleur d’avoir froid, la peur de la douleur d’avoir froid, etc. je me retrouvais souvent à procrastiner un maximum le moment il allait falloir éteindre l’eau pour mettre le savon, tellement que j’oubliais que j’étais là pour me laver et que je me souvenais que je mettais pas lavé qu’une fois que j’étais séché et que j’avais complètement fini ma douche.

Je vous mettrai dans les annexes la vidéo de la Carologie qui parle de comment elle se lave avec juste de l’eau et qui personnellement m’a permis d’établir ses routines-là, donc merci à elle ! Mais en tout cas le fait de m’extraire de cette norme-là de devoir utiliser du savon sous la douche, ça m’a vraiment aidé à construire une routine qui fonctionne pour moi.

Et au final je suis même bien plus propre qu’avant parce qu’avant je n’arrivais pas à me laver, et maintenant je le fais différemment, mais au moins je le fais.

Pour beaucoup d’entre nous on ne pourra pas faire le maximum de ce qui est recommandé en termes d’hygiène de vie, d’entretien du logement, de manger équilibré, de faire du sport, etc. parce qu’on en a tout simplement pas les capacités et l’énergie. Donc quand c’est possible c’est souvent bien plus efficace et bien plus réaliste d’essayer de faire au mieux pour nous dans le cadre de nos limites plutôt que de se pousser à essayer d’atteindre un objectif valide.

Et des fois en faisant ça en fait on est tellement mieux, et tellement plus efficace qu’on se retrouve à pouvoir en faire plus, et peut-être même atteindre ces normes-là !

Encore une fois, on va souvent bien plus loin en commençant par un petit objectif et en l’étendant petit à petit, qu’en commençant très gros et en échouant. Comme je le disais dans ma vidéo sur la kinésiophobie, il ne s’agit pas de se limiter à tout prix et d’être persuadé·e qu’on pourra jamais en faire plus et qu’on est extrêmement limité·e. L’idée c’est plutôt de construire une zone de confort dans des petits objectifs qu’on est capables d’atteindre, et une fois qu’on a cette zone de confort-là, on peut puiser dedans la confiance et l’énergie et la volonté d’étendre cette zone de confort un petit peu. Et si on y arrive, dans cette plus grosse zone de confort on trouvera encore peut-être les moyens d’en faire un peu plus, et un peu plus, etc.

Il ne s’agit pas de se forcer à stagner, mais juste de grandir à son propre rythme. Je suis très heureux et très reconnaissant de pouvoir en faire autant que je peux en faire aujourd’hui, mais je sais que c’est possible parce que j’ai fait ça petit à petit justement.Si j’avais décidé d’avoir des routines aussi fortes et aussi impressionnantes il y a cinq ans quand j’étais en burnout et que je n’arrivais même pas à dormir tous les jours, je m’en serais jamais sorti.

Outro

Voilà, je pense que c’est tout pour aujourd’hui.

Je m’étais demander un peu si c’était intéressant que je filme mes routines et comment se passe un peu « une journée type » entre guillemets pour moi, d’une manière un peu vlog. Personnellement j’ai l’impression que c’est relativement redondant avec cette vidéo et que ça n’apportera pas forcément d’informations supplémentaires, mais je me dis que pour certaines personnes peut-être que d’avoir un exemple concret ça peut les aider. Du coup si c’est votre cas n’hésitez pas à me dire en commentaire, et si vous êtes suffisamment nombreuxes je le ferai peut-être.

Comme d’habitude si cette vidéo vous a éclairé·e, aidé·e ou inspiré·e n’hésitez pas à lui mettre un pouce bleu et à la partager autour de vous, et avant de partir je vous rappelle l’existence de uTip, qui est la plateforme sur laquelle vous pouvez soutenir mon travail et cette chaîne, soit en faisant un don soit en passant sur mon shop.

J’ai pour objectif d’essayer de mettre sur mon shop, gratuitement pour le coup, de plus en plus de petites fiches qui peuvent aider à organiser le quotidien, j’en ai déjà fait une pour les courses, donc n’hésitez pas à y jeter un coup d’œil de temps en temps.

Sur ce je vous souhaite une bonne fin de journée et à dans deux semaines !

Annexes

[FR, vidéo sous-titrée] Ma vidéo sur la kinésiophobie : https://www.youtube.com/watch?v=BiZVexc0T5Y

[FR, article] Sa version écrite : https://alistairh.fr/index.php/kinesiophobie/

[FR, vidéo sous-titrée] Ma vidéo sur le burnout autistique : https://www.youtube.com/watch?v=QurUpnypfKw

[FR, article] Sa version écrite : https://alistairh.fr/index.php/mca-burnout/

[FR, vidéo sous-titrée] Ma vidéo sur comment se remettre d’une burnout autistique : https://www.youtube.com/watch?v=QurUpnypfKw

[FR, article] Sa version écrite : https://alistairh.fr/index.php/mva-burnout/

[FR, vidéo sous-titrée] Ma vidéo les routines autistiques : https://www.youtube.com/watch?v=BiZVexc0T5Y

[FR, article] Sa version écrite : https://alistairh.fr/index.php/mca-routines/

[FR, vidéo] La vidéo de La Carologie sur la douche sans savon : https://www.youtube.com/watch?v=7GYAbTWoaUk

[FR, vidéo sous-titrée] Une vidéo de Vivre Avec sur le fait de pas pouvoir se laver régulièrement à cause du handicap : https://www.youtube.com/watch?v=wzFjS6pTJ_Y

[EN, vlog, sous-titré] Squirmy and Grubs parle de leur routine de douche : https://www.youtube.com/watch?v=vm8WJgTr234

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